D'Essaouira à Rabat

Publié le par isa

Mardi 26-Vendredi 29 Janvier


Nous empruntons la route côtière bordée de toutes parts d'arganiers. C'est dans cette région du Sous où ces arbres sont cultivés et exploités. L'arganier est un arbre endémique du Maroc. Il ressemble au chêne et à l'olivier avec son tronc noueux et torturé. Mais il est plus résistant que ce dernier aux différentes conditions climatiques. L'amande contenue dans son fruit est grillée puis écrasés en pâte afin d'obtenir de l'huile. Cette huile a un goût caractéristique rappelant celui de la noisette. L'extraction se fait manuellement ce qui explique son prix élevé.

 Arganiers

Nous arrivons à Essaouira en fin de matinée, sous une légère pluie (la première depuis plus de 15 jours).
La médina est très belle, les portes et volets bleus tranchant sur le blanc ou jaune des maisons.


Bien sûr la première chose que nous faisons, après avoir posé nos sacs, est de partir voir le port de pêche.
Des centaines de petites barques, toutes peintes du même bleu, oscillent au gré du vent et des marées. Quelques gros chalutiers bordent la jetée principale, la plupart en mal en point mais tout de même en état de marche. Chaque jour, matin, midi et soir la ronde des pêcheurs rentrant avec leur chargement rythme la vie du port. Restaurateurs et autres cuisiniers de gargotes, revendeurs sur la jetée sont présents à l'arrivée de chaque bateau et négocient les poissons avant même que les amarres soient frappées.

Retour de pêche
On trouve de nombreuses espèces différentes (poissons sabres, sars, saupes, dorades, marbrés, sardines, maquereaux, roussettes, requin, thons, araignées, crevettes...) en grande quantité même si d'après les anciens la pêche n'est plus aussi fructueuse qu'avant. Les côtes marocaines atlantiques (1500 km de long!!) sont parmi les plus riches au monde mais pour combien de temps encore?

Une loi réglemente la pêche dans certaines zones, entre Essaouira et Dakhla plus au Sud, contraignant les pêcheurs à rester au port durant une période de 3 mois afin de permettre aux poissons leur reproduction. C'est très bien me dirait vous. Bien sûr, sauf quand cela ne s'applique pas à tout le monde. Les chalutiers-usines européens, ayant dépassé leur quotas et quasiment épuisé les ressources halieutiques de leurs pays, viennent jusqu'au Maroc pour pêcher des quantités astronomiques de poissons. De hauts dignitaires marocains possédant des droits de pêche les cèdent aux chalutiers européens afin d'en tirer un large bénéfice. Ces derniers possédant des bateaux ultra modernes peuvent pêcher en deux jours ce que 10 pêcheurs marocains attraperont en 6 mois! (Cf « Les damnés de la mer » de Jawad Khalid).
Bref un magnifique port où règne une ambiance morose et déprimée.

 

Un soir dans une rue, quelle ne fut pas notre surprise en apercevant Norbert (un ami de Steven qui a participé à la RBBAIV 2008) et deux amis à lui. Il était tout aussi étonné de nous trouver là. Nous sommes partis dans leur petit bateau (que nous avions remarqué l'après-midi car il est immatriculé à Bordeaux!). Ce dernier fait 7,90 mètres comme quoi tant qu'on veut on peut!
Franck     Constantin   Norbert

Les 3 lascars sont partis de La Rochelle il y a quelques mois et passent par les Canaries avant de faire une transat qui les mènera en Martinique. Nous avons passés deux soirées très amusantes et relaxantes en leur compagnie, ce qui tombait à pic car nous commencions à saturer des villes touristiques. Et Essaouira en fait partie, la sollicitation pour acheter des souvenirs, manger à toutes les heures, se faire conseiller....est constante et vraiment fatigante. Le tourisme de masse a marqué ce lieu une fois encore!

Heureusement subsistent de petits havres de paix, où la vie déroule son cours paisiblement. Notamment des cafés berbères, peu connu des touristes, où se retrouvent les marocains pour partager un repas. Dans ces lieux, on amène ses courses (viandes, poissons, légumes) et les propriétaires cuisinent pour vous (grillades, tajines, salades) pour quelques dirhams. Formule très appréciable que nous avons testé avec les lascars. 



Vendredi 29 Janvier


La fin de notre exploration marocaine touche à sa fin.

En effet, nous devons être à Rabat le 31 pour de rejoindre Roland. Si, si, je vous en ai déjà parlé, il s'agit du marseillais rencontré à Tanger. Il a laissé son bateau (Sam 7) à Rabat, est rentré en France voir sa famille et revient samedi pour se rendre aux Canaries.
Quand Anne et Bernard ont pris la décision, eux aussi, de rentrer en France nous avons contacté Roland afin de pouvoir embarquer avec lui. Nous nous sommes donnés rendez-vous le 31 à la marina en espérant pouvoir partir le plus tôt possible.

 

Afin de ne pas passer une journée entière dans le bus, nous préférons rejoindre Marrakech, y passer la nuit et partir pour Rabat demain.
Marrakech est toujours aussi charmante, nous retournons dans l'hôtel où nous étions allés et partons boire un jus d'orange frais place Jemaa El Fna.

Vendeur de jus d'oranges

Il y a bien plus de touristes que lors de notre premier passage mais nous évitons les coins les plus bondés pour nous balader tranquilles.

 

 

 Samedi 31 Janvier

 


La gare étant éloignée du centre de la médina, nous prenons un taxi pour nous y rendre. Mais la ville est sens dessus-dessous. Il y a des bouchons partout, certaines rues sont barrées par la police, tout le monde tente de passer devant l'autre.
Notre chauffeur slalome entre les autres véhicules, prend de minuscules rues, n'hésite pas à faire demi-tour...et fini par nous déposer à l'arrière de la gare au bout d'une demie heure (il faut 10 mn habituellement). Durant le trajet il nous informe des raisons de ce bazar : demain a lieu le marathon de Marrakech (auquel participent des coureurs du monde entier, l'an dernier un kénian avait remporté l'épreuve).

Nous comprenons, à ce moment là, la plus grande affluence remarquée la veille.

 

En fin d'après-midi nous voilà de retour à Rabat-Salé, nous rejoignons Sam7 où il n'y a personne. Roland n'est pas encore arrivé. En attendant nous allons téléphoner à Taoufik (le bosco du port à qui nous avions laissé des affaires en dépôt) pour lui signaler notre retour et allons boire un thé.
Deux heures après, Roland fini par arriver.

 

Dimanche 1- Mardi 3 Février

 
Nous avons pris possession de notre cabine dans Sam 7 mais aussi pris connaissance du bateau, de ses spécificités, de son organisation et découvert un peu plus son propriétaire.

Une fois encore, nous partons faire l'avitaillement pour les 4 ou 5 jours de traversée jusqu'aux Canaries (d'ailleurs je commence à être particulièrement rodée et efficace pour cet exercice).

 

Nous faisons la connaissance de Loubna, une marocaine vivant dans les bateaux qu'elle entretient et sur lesquels elle veille. Nous avons passé pas mal de temps ensemble et beaucoup discuté sur nos cultures, nos places dans nos sociétés et nos libertés...encore de riches échanges.
Elle aurait aimé traverser avec nous, mais avait toutes les difficultés pour obtenir un passeport et surtout un visa lui permettant d'entrer « en Europe ». C'est dans ces moments là que l'on prend un peu plus conscience de la liberté dont nous jouissons et de la facilité avec laquelle nous voyageons, nous exprimons...et vivons tout simplement.

 

Nous réglons les dernières formalités avec la police et les douanes et quittons le port de Rabat-Salé à 18 h le mardi 3 sous une légère pluie tiède. Nous sommes aux anges, nous voilà reparti sur les flots, bercés (ou brassés ça dépend) par les vagues, le visage tanné par le soleil et le sel...

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Le Maroc intérieur

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