Les iles Eoliennes

Publié le par isa

 

Jeudi 1er Avril

 

Après des jours d'attente, de labeurs…et de farniente, nous faisons route vers la terre promise, tant espérée et attendue : l'île de Lipari dans les Éoliennes.

Le vent annoncé n'était pas au rendez-vous ou si peu! Nous avons donc fait une toute petite heure de voile, les 10 heures restantes s'étant écoulées au rythme du moteur.

Cependant le bruit en valait la chandelle ! En effet le paysage durant ce trajet a dépassé toutes nos espérances ! A moins de 20 milles de Lipari nous étions au milieu d'une eau limpide, face à nous se découvraient Panarea, Salina et Lipari. Plus au nord nous apercevions le Stromboli et ses fumées formant des nuages aux formes étranges tandis qu'au sud nous découvrions les côtes siciliennes où l'Etna, et ses sommets enneigées, montrait toute sa force et sa beauté. Une vision où les mots me manquent pour vous la décrire.

Stromboli 6028

Nous nous sommes rendus à Policastro, port le plus au Nord de la rade de Lipari, qui est aussi le plus protégé et où nous étions sûr de trouver de la place.

Il y avait de la place mais pas d'employés ! Personne n'avait répondu quand nous avions appelé avec la VHF (tout à fait normal en Italie) mais un port sans employés nous n'avions pas encore vu.

Alors comme le port, nous avons fait les morts : ni vu, ni connu !

 

 

 

Vendredi 2- mardi 6 Avril

 

L'archipel des îles Éoliennes, classé au patrimoine mondial de l'humanité, comprend 17 îles dont seules 7 sont habitées (il est donc commun d'entendre que cet archipel est formé par 7 îles).

De l'est à l'ouest et du nord au sud : Stromboli, Panarea, Lipari, Vulcano, Salina, Filicudi et Alicudi. Toutes sont des volcans dont seuls deux sont encore actifs : Stromboli et Gran Cratere sur Vulcano.

Les 10 îles restantes sont plus des îlots ou des morceaux de roches émergées que des îles à proprement parler.

Les Éoliennes doivent leur nom...au dieu du vent Éole. Il suffit d'y passer quelques jours pour prendre la juste mesure de cette appellation, le vent y étant quasi constant.

D'après les fouilles effectuées dans tout l'archipel, il s'avère que ces îles ont été habitées depuis la préhistoire et par de nombreuses civilisations au gré des conquêtes. Leur situation géographique, qui en fait une étape essentielle sur la route du commerce méditerranéen, explique l'arrivée des premiers colons vers 3000 av J.-C.

Les ruines et vestiges les plus nombreux et significatifs ont été retrouvés à Lipari (le musée archéologique Éolien est de ce point de vue très très instructif) et montrent le passage des Phéniciens, des Grecs, des Carthaginois, des Romains, des Bizantins, des Sarrasins, des Normands et des Espagnols, pour ne citer que les plus connus. Dès la préhistoire, l'obsidienne (lave vitrifiée de couleur noire) a été exploitée puis commercialisée.

Cependant Lipari, la plus grande et la plus peuplée des Éoliennes, doit son essor économique à l'exploitation de la pierre ponce. Durant des décennies, cette exploitation a permis aux habitants de l'île de vivre mais aussi de mourir (nombre de mineurs ont donné leur vie aux mines ou à la silicose).

 Lipari 6248

Il y a 10 ans quand l'archipel a été classé, l'Unesco a demandé aux autorités de réguler et de baisser la production de l'extraction afin de préserver l'île. A ce moment Lipari s'est entièrement tournée vers le tourisme. L'île produit aussi du vin et des câpres délicieux mais dont le prix est tellement exorbitant que nous n'avons fait que goûter!

La vieille ville de Lipari est vraiment superbe. Elle est encadrée par deux baies (Marina Lunga et Marina Corta) au milieu desquelles domine un château construit par les Normands et rebâti par les Espagnols au XVI ème siècle. Aujourd'hui, le lieu est investi par le Musée archéologique.

 

Comme je l'ai écrit précédemment, Stromboli et Vulcano possèdent chacune un volcan actif, qui fait leur renommée, et amène un grand nombre de visiteurs sur leurs sols.

Le volcan Stromboli, qui a donné son nom à l'île mais aussi à un type d'éruption faite de lave incandescente et de cendres, est considéré comme le plus vieux phare de la méditerranée. Depuis l'antiquité, il a guidé les bateaux vers le détroit de Messine. Il aurait aussi guidé Ulysse vers les tourbillons de Charybde et Scylla...je vous laisse vous reporter à L'Odyssée d'Homère.

Il culmine à 924 mètres d'altitude et relâche de nombreux morceaux de pierres ponces que l'on retrouve flottant au large au gré du vent et des vagues.

Il est en éruption depuis 2500 ans, la dernière datant de 2007. Le fait qu'il se libère peu à peu le rend bien moins dangereux que d'autres volcans tels que Vulcano et Etna (qui sont eux de type explosif). Un habitant de l'île tempère même « Il y a plus de risques à rentrer d'une discothèque en voiture qu'à vivre à l'ombre du Stromboli ».

 

Tout comme sur Stromboli, la vie sur Vulcano est indissociable de son principal volcan : Gran Cratere.

Sa dernière éruption date de 1888 et a duré quasiment deux ans. Depuis le volcan laisse échapper constamment des fumées sulfureuses denses émises par des fumerolles dans la fosse principale de Gran Cratere et avec moins d'ampleur et plus espacées sur les pentes nord du volcan.

Vulcano 6490

Son point culminant est à 319 mètres, la vue y est magnifique : on embrasse la partie nord de l'île, toutes celles de l'archipel ainsi que la côte nord sicilienne.

Vulcano est née de la fusion de quatre volcans, la mythologie y situe les forges de Vulcain (dieu du feu) même si cette vision est controversée.

 

Le portrait de notre nouvel environnement ainsi brossé, vous permettra de mieux situer et comprendre nos excursions futures.

 

Durant ces quelques jours nous avons fait le tour de l'île, moitié en bus et moitié à pied découvrant ainsi les villages d'Acquacalda, de Canetto et les Grotte de Pomice (falaise d'où est extraite la pierre ponce où subsistent les structures abandonnées d'extraction).

Nous sommes aussi allés à la pointe sud afin d'apercevoir les Bouches de Vulcano, chenal de 800 mètres de large, séparant Lipari de Vulcano. Nous avons glané au passage des citrons et du fenouil sauvage. On trouve dans l'île un nombre impressionnant de citronniers, la plupart dans des jardins mais certains sont retournés à l'état sauvage sur des terrains en friche et leurs branches ploient sous le poids de dizaines de fruits.

Au retour, nous pensions acheter du poisson pour agrémenter nos trouvailles. Nous avions oublié que nous étions le dimanche de Pâques et qu'en conséquence les pêcheurs ne seraient pas sortis.

Mais une omelette au fenouil ce n'est pas mal non plus!!

Nous avons aussi profité des chemins de randonnée, sommes partis en quête d'obsidiennes et de pierres ponces, avons flâné dans les minuscules ruelles de Lipari ville...

Et nous avons aussi rencontré pas mal d'équipages de bateaux en transit. En effet, plusieurs pays en Europe sont en vacances pour Pâques et certaines personnes louent des bateaux pour passer une semaine dans les îles. C'est aussi la saison estivale qui se prépare, nous voyons donc défiler grand nombre de squippers allant livrer des bateaux neufs en Grèce ou en Turquie pour des particuliers ou des boîtes de location. Les apéro se succèdent mais ne se ressemblent pas !!

 

 

Mercredi 7 Avril

 

Un nouveau bateau français est arrivée la nuit dernière. Nous faisons connaissance avec Alain et Franceline, couple de parisien très sympathiques. Ils sont à la retraite et après avoir pas mal baroudé sur la terre ferme et sur les flots, vadrouillent en méditerranée. Alain est le créateur du logiciel de navigation Noé (d'ailleurs on vous le recommande, il est bien fait et bien moins cher que les Maxsea et consort!).

Nous prenons un café ensemble, glanons des infos sur la Sardaigne et la Sicile (dont ils reviennent), donnons les nôtres sur le sud de l'Italie bref partageons des moments agréables ensemble.

 

En fin de journée, nous décidons de partir pour Vulcano au mouillage du Ponente.

Ah, oui, sur Vulcano deux mouillages se font face : le Ponente et le Levante. Ils se situent de chaque côté de la minuscule langue de terre qui sépare Vulcanello (petit volcan éteint tout au nord) du reste de l'île.

Mouillage du Ponente 

 

  Mouillage du Levante

Cela permet d'être tout le temps à l'abri, puisqu'il est assez facile et rapide (2 milles) de passer d'un mouillage à l'autre en fonction de l'orientation du vent.

 

 

 

Le fonds est un sable grossier réputé pour ne pas être de bonne tenue, mais nous mouillons sans problème, l'ancre crochant du premier coup. Nous sommes seuls dans la baie, un vrai plaisir. Et, cerise sur la gâteau, le coucher de soleil qui s'offre à nous est idyllique, rendant la vue sur le volcan encore plus féerique.

Chose amusante, le vent souffle du sud-est ce qui amène les odeurs de soufre jusqu'à nous. Au départ c'est écœurant puis on s'habitue et ça en devient même amusant cette odeur d'œuf pourri!

 

 

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