Ponza la belle

Publié le par isa

Dimanche 1er Novembre

Levés à l'aube, comme d'habitude, pour rejoindre la tant attendue Ponza. La météo nous semble favorable. Une petite brise de nord-est, parfaite pour nous, propulse Chrysor au portant vers sa destination. Une heure après le vent (ayant mis du sud dans son est) nous souffle à la proue, nous obligeant à faire ronronner le moteur. Ronronner n'est pas le terme exact car nous avons dû le pousser afin de contrecarrer les effets cumulés du vent et de la mer (d'ailleurs maître manu vous communique que la mer était alors force 3 sur l'échelle de Douglas). Six heures de moteur et un groupe de dauphins plus tard, la baie de Ponza s'offre à nous. L'île, du même nom que sa ville principale, est la plus grande de l'archipel nord-ouest des îles Pontines. Ces îles sont d'anciens cratères effondrés appartenant à deux chaînes différentes : au nord-ouest : Palmarola, Ponza et Zannone dans le prolongement de la zone volcanique d'Anzio et au sud-est : Ventotene et Santo Stefano dans la zone de la baie de Naples. L'arrivée se fait en évitant des récifs et en longeant des falaises aux multiples couleurs semblables aux ocres de Roussillon. Après un repérage rapide du port, nous décidons d'accoster sur le quai réservé aux garde-côtes pour demander où se trouvent les pontons d'accueil (présents dans notre guide nautique). Notre constatation est confirmée par un militaire; ils ne sont en fonction qu'en été et il n'y a pas de place à quai, nous devons donc aller au mouillage dans le fond de la baie. L'ancre jetée sur un fonds sableux, nous profitons de cette fin de journée pour admirer l'architecture particulière de la ville (due à l'invasion des bourbons) et l'ensemble de la baie.





Lundi 2 Novembre

Le temps étant radieux, nous partons à la découverte de la ville : ses vestiges romains, son cimetière dominant la baie...
Un garde-côte nous confirme les infos météo, entendues à la radio, pour le soir et la nuit à venir. Un coup de vent (force 8) de secteur ouest est prévu. Il nous indique que nous pourrons nous mettre à quai pour la nuit dès que l'hydrofoil sera parti. Quelques heures après, Chrysor est largement amarré en bout de quai. Et ce qui devait arriver arriva mais plus fort que prévu!!
A partir de minuit, au vent constant à 8, se sont ajoutées des bourrasques à 9-10. Après avoir couvert le côté bâbord de pare battages et triplé les amarres, nous avons fini par quitter le bateau. En effet, nous ne pouvions pas être à une plus mauvaise place que celle-ci. Le vent soulevait un clapot jusqu'à un mètre, frappant le tableau arrière de  Chrysor avec violence. Les embruns portés par le vent fouettaient l'air (et nos pommes) comme de la grêle. Il était difficile de marcher face au vent. Dans cette tourmente, un défilé s’est mis en place, tous les propriétaires de bateaux venant vérifier leurs amarres. Cette nuit là nous avons sympathisé avec Roberto, que nous avons revu tous les jours durant notre séjour et qui nous a donné de nombreux conseils et informations sur l’île et sa région.
Vers 3 heures du matin, après avoir appelé les gardes côtes pour avoir une aide pour mettre le bateau en sécurité, Manu a constaté qu'une amarre avait cédée sous la pression. Il l'a remplacé pendant que je mangeais des petits gâteaux devant la capitainerie en attendant notre militaire de garde (je l'attends toujours!!).
A partir de 4 heures du matin, le vent a commencé à diminuer et nous avons pu réintégrer notre embarcation (qui avec bravoure avait affronté les ires d'Eole et de Neptune).
A 6h30, un autre garde-côte nous a réveillé pour savoir si tout allait bien. Nous lui avons répondu qu'à ce moment là oui, ce qui n'avait pas été le cas durant la nuit. L'ambiance étant devenue plus calme, nous sommes repartis au mouillage : ça faisait trop longtemps que nous n'avions pas tangué de concert avec le Chrysor !!!



De mardi 3 Novembre à Samedi 14 Novembre

Coups de vent sur coups de vent. Orages et pluies. Nous avons déplacé le bateau maintes et maintes fois. Du mouillage au quai, du quai au mouillage, du mouillage à une autre place à quai…pour enfin y rester, ayant eu l’accord des autorités portuaires. A cette saison, il n’y a pas de touristes et pas de places prévues au port mais en discutant on arrive toujours à trouver un petit espace où se glisser ! Etant coincés sur Ponza, nous avons pris notre mal en patience au début puis petit à petit nous avons découvert l’île et ses habitants.
Deux belles journées nous ont permis d’aller visiter cette petite perle, de découvrir les anciennes carrières de minéraux (notamment le kaolin), les nombreuses baies et criques des côtes est et ouest. Les habitants nous ont aussi vite repérés : deux français arrivés sur un bateau en bois de taille assez réduite et restant des jours entiers à se balader, bouiner sur et dans leur bateau, à chercher de l’eau potable, des recharges de gaz…
C’est ainsi qu’un soir au bistrot nous avons rencontré Nazareno et Giovanna, tous les deux parlaient français car ils avaient vécu quelques années à Paris. Ils nous ont invité à manger chez eux avec leurs amis et ce fut une très agréable et bonne soirée, riche d’échanges. Malheureusement nous étions sur le départ puisque cela faisait presque 15 jours que nous étions là et que si nous ne profitions pas de cette fenêtre météo nous allions nous retrouver encore coincés pour quelques temps !
Mais pourquoi partir si nous étions bien là-bas me diriez-vous ? Judicieuse question ! Car cette île est la plus belle que nous ayons vu tous les deux ! Hormis le manque d’eau potable (nous achetions des bouteilles !), l’absence de toilettes et de douches (les bains dans la mer devenaient un peu durs !), l’impossibilité de trouver une recharge pour notre bouteille de gaz, le mauvais temps et l’approche des froids hivernaux ont fait naître de nouvelles réflexions et de nouveaux projets dans nos petites têtes…

Publié dans L'italie

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