De l'île d'Elbe à Anzio

Publié le par isa

Jeudi 22 Octobre

 

Journée automnale : brumeuse, pluvieuse, venteuse...nous avons reporté notre virée dans l'ouest de l'île. Jouant avec les averses et les coups de vent, nous avons approfondi notre immersion dans la ville et son architecture. Bien sûr, chacun a progressé dans ses lectures (je redécouvre Jules Verne avec L'île mystérieuse et c'est un véritable plaisir enrichissant sur différents points!).

Et les glaces italiennes sont toujours aussi crémeuses et délicieuses, même si la chaleur de l'été n'est plus là, le plaisir d'en déguster si!!

 

 

Vendredi 23 Octobre

 

Le temps n'est toujours pas au beau fixe, il a encore plu tout la nuit et ça continue ...mais le vent est progressivement tombé. N'y voyant pas à plus de 50 mètres, nous n'avons même pas tenté de prendre le bus pour grimper sur le point culminant d'Elbe (demain, toujours demain...).

Nous avons préféré aller voir le Musée archéologique de Portoferraio, où un bon nombre d'explications nous ont échappées  (la compréhension de termes techniques en italien n'est pas encore là!!), cependant c'était quand même fort intéressant car l'île a un passé historique très riche.

Nous avons d'ailleurs découvert que notre parcours initialement prévu était celui parcouru par les phocéens il y a plusieurs siècles.

Le manque de documentation sur l'histoire de la méditerranée nous laisse quelque peu sur notre faim mais nous aurons de quoi alimenter nos soirées à notre retour sur le plancher des vaches.

 

 

Samedi 24 Octobre

 

Ça y est la pluie et le mauvais temps ont enfin cessés!!! Nous sommes donc sortis de notre tanière pour aller arpenter les monts elbiens.

Végétation proche du maquis corse et des Cévennes (différentes espèces de chênes, joncs, genêts, arbousiers, châtaigniers à perte de vue, fougères, lauriers, pins maritimes, romarins, sarriettes ...j'en oublie et je ne connais pas toutes les essences de la région non plus!). Nous avons vainement cherché des champignons dans ces bois,  les espèces trouvées et reconnues étaient non comestibles (nous espérions pourtant manger un risotto aux funghi porcini : dans la traduction aux cèpes). Nous avons quand même fait une petite provision de châtaignes afin de faire de la soupe quand le froid vif se fera à nouveau ressentir (la pluie des derniers jours a ramené une douceur plutôt agréable dont nous profitons). D'ailleurs aujourd'hui, heureux hasard, nos pas nous ont menés à la rencontre d'une tuile, livrée à son propre sort dans la forêt. Ne pouvant pas nous résigner à l'abandonner à ce triste destin, nous l'avons recueillie et ramenée jusqu'au bateau où, nous l'espérons, elle nous chauffera durant l'hiver.

 

 

Dimanche 25 Octobre

 

Nous avons quitté l'île aux pirates, non sans regrets, avec un goût de reviens-y en 2010 sur le chemin du retour.

Notre quête actuelle, tout en poursuivant notre descente vers le sud de la botte italienne, est de trouver de nouvelles cartes nautiques pour pouvoir faire route. Celle que nous utilisons va jusqu'à l'île de Capri et après nous sommes démunis. Nous avons déjà tenté de trouver lesdites cartes mais nous devions être trop au nord (et surtout hors saison) donc la recherche continue.

Les shipchandlers (magasins spécialisés dans les articles nautiques) les mieux achalandés se trouvent dans les marinas ce qui nous amène à fréquenter ce type de lieu souvent dénués de charme et de vie (en cette période). De plus, nous entrons dans une zone où les ports sont assez éloignés les uns des autres ce qui ne nous permet pas de choisir nos points d'atterrissage. A Punta ala Marina, le patron du ship n'ayant pas nos cartes, nous assure que nous les trouverons au port de Riva di Traiano. Nous irons donc...

Sinon la météo semble être de notre côté et l'été indien est presque revenu. Il fait très beau, nous avons du vent et les journées sont douces. Le changement d'heure a raccourci nos temps de navigation mais nous partons plus tôt le matin afin d'arriver en milieu d'après-midi dans un port. Nous ne naviguons pas de nuit à l'heure actuelle car il faut dire que les entrées dans la plupart des ports italiens ne sont pas très bien éclairées (pour ceux que nous avons visités pour l'instant), et cette partie de la côte tyrrhénienne comporte de nombreux dangers peu ou pas signalés (bancs de sable ou roches immergées à l'entrée des ports notamment).

D'ailleurs le seul attrait de ce port est la beauté de la pointe rocheuse, au bord de laquelle il a été construit, prolongée par un ensemble de rochers formant une ligne en pointillés jusqu'à un charmant petit îlot. Le coucher de soleil ce soir n'en était que plus agréable à regarder.

Côté pêche : morne plaine! Ma sœur Anne, ma sœur ne vois-tu rien venir?....

 

 

Lundi 26 Octobre

 

Aujourd'hui, nous voulons rejoindre la presqu'île du Monte Argentario et plus précisément le port de pêche de Santo Stefano où paraît-il se trouve un grand et très bon marché de poissons.

La mer est d'huile, nous ne l'avions pas vue aussi plate et calme depuis notre départ.

Sur l'eau peu de plaisanciers mais pléthore de chalutiers et de petits bateaux de pêche : la zone est vraiment poissonneuse. Nous croisons des nappes d'oiseaux (goélands, mouettes et des sortes de guillemots) qui parfois s'animent au passage d'un banc de poissons. Bien sûr, nous sortons une ligne de traine mais la première casse au bout de 5 mn...et la seconde refuse d'aller vers le fond : la planchette japonaise restant en surface constamment (il va donc falloir revoir cela). Je pense pouvoir affirmer que nous sommes assez mauvais en pêche et que, pour l'instant, nous ne nous donnons pas les moyens de réussir des prises!

A ce moment là nous apercevons un groupe de dauphins (les premiers du voyage) suivant de près un chalut. Cela nous met en joie et nous fait oublier l'absence de vent et le ronron du moteur.

Un quart d'heure plus tard, au cas où nous nous ennuierions, nous sommes abordés par les douaniers. Contrôle de routine (nationalité, d'où venons-nous et où allons nous), douaniers sympathiques, amusés visiblement par mon accent de francesa.

Deux heures plus tard, après avoir croisé une superbe méduse de type Chrysaora hyoscella (à ne surtout pas rencontrer dans l'eau!!), une nouvelle bande de dauphins fait son apparition. Moins nombreux cette fois et plus proches, nous arrêtons le moteur, partons à la dérive et profitons du spectacle qu'ils nous offrent : sauts, saltos avant... Ce sont des dauphins communs, ceux que l'on a le plus de chance de croiser près des côtes.

Le vent n'est toujours pas là mais nous arrivons à bon port, heureux de cette belle et tranquille journée. Pour le marché au poisson il est trop tard mais ce n'est que partie remise, les ports de pêche ne manquent pas dans la région!

 

 

Mardi 27 Octobre

 

Départ à l'aube pour rejoindre Riva di Traiano (marina quasiment collée à Civitavecchia). La mer reste toujours calme et nous parvenons à progresser à la voile même si ce n'est pas constant. Comme dirait Manu « au moins ça nous entraîne aux manœuvres ». La marina n'a aucun charme, le seul intérêt que nous pouvons lui donner est celle de nous fournir nos cartes nautiques. Et bien, non, ce ne sera pas pour cette fois. En arrivant chez le ship, nous faisons la rencontre d'Umberto (franco-italien) qui nous bien aidé dans la traduction de nos questionnements du moment (quelles cartes, quelle échelle, qu'est-ce qui est disponible en Italie...). Sur ses conseils, nous décidons de nous arrêter à Ostia (port de Rome) le lendemain alors qu'au départ nous voulions l'éviter pour nous rendre directement à Anzio, 25 milles plus loin. D'après lui c'est le lieu où nous avons le plus de chances de trouver nos cartes compte tenu de l'importance du port et de la proximité de la capitale. En effet, Rome n'est qu'à 20 km de la mer et la marina a été construite pour répondre à une demande croissante en places de port de la part des romains.

 

 

Mercredi 28 Octobre

 

Aujourd'hui petite journée avec un seul but : acheter nos cartes de route! Peu de vent mais suffisamment pour se faire plaisir avant de rallier Ostia.

En arrivant nous étions certains de trouver ces cartes (nous connaissions les éditions et les numéros correspondants). Nouvelle déception et arrêt inutile car parmi tous les shipchandlers aucun d'entre eux n'avaient les cartes voulues...mille millions de mille sabord!

Pour être certain de les trouver nous devions aller à Rome dans une librairie nautique en plein cœur de la ville. Mais ni l'un ni l'autre n'ayant envie de faire l'aller-retour, de sûrement galérer pour mettre la main sur ce magasin et peut-être arriver quand ce serait fermé, nous avons choisi de nous occuper de nous et du bateau en espérant avoir une bonne étoile par la suite.

 

 

Jeudi 29 Octobre

 

Départ d'Ostia à l'heure du déjeuner, nous allons sûrement arriver avec la nuit mais nous savons exactement les dangers à éviter et nous espérons que l'entrée du port sera assez bien éclairée bref seul le froid nous enquiquinera un peu.

Comme prévu, nous avons eu un petit vent d'ouest force 3 toute la journée et nous avons pu avancer à la voile (en poussant avec le moteur sur la fin afin de ne pas arriver trop tard car on se trainait un peu!).

Le port d'Anzio est plutôt grand, beaucoup de gros chaluts, de petites barques de pêche, quelques porte-containers et un tout petit port de plaisance bondé. Les tirants d'eau annoncés sur notre carte étant faibles, nous nous sommes posés à la seule place visiblement disponible le long d'un quai entre deux chantiers navals.

 

 

Vendredi 30 Octobre

 

Nous avons passé la matinée à parcourir le bord de mer, à découvrir les ruines du port antique d'Antium (bâti sous Néron), à regarder les petits pêcheurs rentrer et vendre le fruit de leur travail (bien sûr à midi nous avons mangé de la dorade et du pageot et le soir une marinade de marbré).

Notre quête de cartes a continué, se terminant par un flop...on n'est pas encore désespérés...mais la lassitude prend le pas. Nous sommes encore renvoyés vers un autre ship seulement il est dans la ville d'à côté et nous n'avons pas prévu d'y aller. Nous verrons bien!

En milieu d'après-midi, nous avons tout à coup vu débouler deux gars nous expliquant que la place était privée, qu'il fallait payer (une jolie somme pour l'endroit que nous occupions)... A force de palabres (heureusement que je me débrouille un peu en italien) ils nous ont indiqué le quai d'accueil pour les bateaux en transit et nous sommes repartis comme nous étions arrivés en direction dudit quai, situé en plein cœur du port de commerce.

 Après avoir posé Chrysor, me voilà partie à la capitainerie pour officialiser notre arrivée (l'autorisation étant nécessaire pour rester). La croyant fermée, j'ai fini par demander des renseignements à une jeune fille postée dans une cahute sur le quai. Et ainsi, nous avons fait connaissance avec Sara (qui nous a permis d'être en règle avec les autorités). Elle travaille pour une association Paulus, possédant deux bateaux (dont un est adapté pour recevoir à bord  les personnes en fauteuil roulant) et dont le but est de faire découvrir la mer, la navigation aux personnes handicapées mentales et physiques. Ce fut une belle rencontre. Nous avons discuté un moment avant qu'elle ne finisse de travailler et ne rentre chez elle et que nous allions au bistrot!!

 

 

 

Samedi 31 Octobre

 

Aujourd'hui nous voulons rejoindre Ponza, première des îles pontines sur notre trajet.

Mais la mer et le vent en ont décidé autrement : bon vent pile dans l'étrave et mer agitée! Au bout de 3 milles contre les éléments, en ayant marre d'entendre Chrysor taper contre les vagues et d'être brassés, nous décidons de changer de route et de rejoindre la marina de Nettuno, située à moins de deux milles d'Anzio. Nous essayons de voir le côté positif : nous pourrons ainsi chercher nos fameuses cartes...faire le plein de nourriture, d'eau et aussi nous laver!!

La marina n'a rien d'extraordinaire, elle est en plein travaux, un peu vieillotte mais la ville quant à elle vaut le détour. Le vieux quartier, dominant le port, est un entrelacs de minuscules ruelles, de petites places ombragées où les bancs se disputent l'espace avec les terrasses des restaurants populaires. En cette fin de matinée baignée par le soleil d'automne, de nombreuses personnes discutent, se promènent, font leurs courses dans une atmosphère très « italienne » : de grands gestes et de fortes voix...c'est plaisant!

De retour de cette petite escapade citadine, nous nous arrêtons au premier ship rencontré afin de savoir si, par le plus grand des hasards, nos cartes y seraient...et non! Les vendeurs ayant retourné le magasin afin de dénicher nos perles nous renvoient chez un de leurs collègues et là miracle ! le brave homme nous a sorti en deux secondes le sésame tant attendu! Comme quoi, nous ne devions pas partir ce jour là!

 

 

 

 

Publié dans L'italie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article