Prima settimana in Italia

Publié le par isa

 Samedi 3 Octobre


Nous quittons San Remo en début de matinée. Pas de vent, à peine un petit air venant de l'Est, nous restons au moteur. Puis, le vent se lève, Manu me dit que nous devrions hisser les voiles mais en mettant le petit foc et en prenant un ris. J'exécute et j'ai à peine le temps de hisser la grand voile, changer de foc, sortir les écoutes que le vent s'est levé et atteint déjà 20 nœuds. La mer s'est formée et les vagues commencent à se creuser jusqu'à 2,50 m. Le vent et la houle viennent du Sud-Est, nous sommes au portant ce qui nous permet d'avoir une stabilité du bateau (toute relative). Le vent atteint 27 nœuds et je constate que je m'habitue assez vite au roulis de Chrysor, aux montées en puissance rapide des vents méditerranéens. Cependant pour barrer dans ces conditions il va falloir encore travailler et se dépasser. Manu, lui, est à l'aise (toujours un peu bloqué des cervicales mais cela va être récurrent durant toute l'année).

Après de bonnes heures de navigation nous arrivons à Marina degli Aregai, où l'accueil et les services sont excellents. La ville de San Stefano est un peu excentrée du port cependant elle vaut le détour, d'autant plus que la marina n'est pas spécialement attrayante. Comme beaucoup de villes italiennes, les maisons arborent de belles et chaudes couleurs donnant du cachet à n'importe quelle construction. Comme en Corse et dans la région de Nice, les maisons ont des volets dont la partie basse se soulève vers le haut, permettant de faire des courants d'air sans laisser entrer la chaleur et aussi de faire les commères!!

Pour changer, nous effectuons une nouvelle réparation : le davier est en train de s'arracher de l'étrave. Nous retrouvons avec joie (sic!) la résine époxy et attendons le lendemain qu'elle sèche pour le refixer solidement (on l'espère...).



Dimanche 4 Octobre


Le davier remis en place, nous reprenons la route. La météo est bonne, il fait toujours beau et chaud, c'est le bonheur! Nous passons la journée à naviguer à la voile avec un vent force 3, la mer est un peu agitée dans l'après-midi mais cela n'est pas très dérangeant. En fin de journée nous rejoignons Alassio, petit port de plaisance, mais surtout de pêcheurs, construit au pied d'une pointe rocheuse (derrière laquelle il s'abrite).

Ce port est étrange, il y règne une ambiance particulière (plutôt agréable) entre le lieu touristique et le port fantôme. C'est assez difficile à décrire. On voit qu'il y a de l'activité et en même temps cela semble abandonné, peu entretenu. Cependant l'accueil est très gentil et la capitainerie met à disposition des navigants la météo sur internet.

La vue à partir du port est superbe, surtout au petit matin. A moins de 2 milles à l'Est on aperçoit l'île Gallinara, lieu sauvage où l'on peut entrevoir de nombreux oiseaux (dont pas mal de goélands) y nichant surement.

 


Lundi 5 Octobre


Nous partons d'Alassio dans la pétole et marchons au moteur, à petit régime pour épargner nos oreilles, prendre le temps de pêcher et voir si le vent voudra bien se lever (il est vrai que nous avions espéré nous nourrir de poissons mais heureusement que nous cabotons car sinon nous reviendrions comme des estoquefiches). Nous sortons une ligne de traîne, la matinée est un peu avancée pour pêcher mais on ne sait jamais avec la chance du débutant...au bout d'une heure et demi, nous n'avons toujours rien pris et le vent arrive. Tant pis pour la pêche, nous rangeons tout et hissons les voiles.

Encore un petit vent agréable, la mer est calme pour une fois et nous avançons bien. Nous nous arrêtons à Finale Ligure en milieu d'après-midi. Nous profitons du reste de la journée pour nous promener dans Finale et pour faire les courses. La ville est à 1,5 km, une grande promenade longe le bord de mer jusqu'au centre. La ville est ancienne et possède plusieurs églises et cathédrales moyenâgeuses. Dans les petites rues adjacentes de la place principale nous trouvons de nombreux commerces alimentaires...un régal pour les yeux et les papilles!

Petit plaisir, nous rentrons chez un traiteur afin d'acheter notre repas du soir (on est nul en pêche et cela fait longtemps que nous n'avons pas mangé de protéines animales). Au menu salade de poulpes, moules et calamars, anchois marinés et tomates séchées. On s'arrête aussi chez le primeur pour faire le plein en fruits et légumes.



Mardi 6 Octobre


Départ de Finale Ligure, la mer est très agitée, le vent souffle à 16 nœuds et nous avançons à 5. Toute la journée nous sommes secoués comme des pruniers. Cependant la mer se calme un peu, tout comme le vent. Ce qui est dommage car avec moins de vent nous sommes plus soumis aux mouvements des vagues, qui nous remuent d'autant plus.

Les prises de ris sont toujours aussi difficiles, tellement c'est le bazar dans les bouts sur la bôme. Il nous faut un peu trop de temps pour repérer laquelle est laquelle et mettre en lien l'avant avec l'arrière, il va falloir simplifier tout cela...une nouvelle occupation au prochain port.

Nous voulons nous arrêter à Arenzano (jolie petit ville balnéaire réputée de la Riviera) car c'est le dernier abri avant Gênes. Ville où je n'ai aucune envie d'aller : les ports sont chers, l'accès est compliqué par le trafic portuaire commercial et c'est bondé car s'y tient le salon international du nautisme en ce moment. Pour information, Gènes est le plus grand port d'Italie et le trafic commercial y est intense. De plus, la journée a été longue et nous sommes crevés.

Nous entrons donc dans le port d'Arenzano sans encombres grâce au guide Imray qui nous permet de savoir qu'il y a un haut fond de sable juste à la pointe du môle extérieur, obstruant une partie de l'entrée, chose que Maxsea n'indique pas!

Bon, il faut quand même que je dise que nous avons fait une arrivée des plus pourries, en ratant notre accostage où nous avons failli abîmer le panneau solaire...Il fallait bien que ça arrive une fois, nous nous débrouillions trop bien jusqu'à présent!

Cet atterrissage nous a permis d'échanger quelques mots avec un anglais, posé sur un banc aux premières loges et nous ayant proposé de l'aide spontanément et très gentiment.

Le port est très calme, de petite taille mais les prix sont conséquents...pour la première fois nous payons très cher la nuit (25 euros). Nous pensions être en moyenne ou basse saison (ce qui est le cas en France) mais en Italie dans la plupart des ports du secteur nous sommes en haute saison (la basse allant de mi-novembre à fin janvier).

Le lendemain, la météo n'est pas trop favorable (le vent est à l'est) et nous n'avons aucune envie de faire une journée de navigation au près (Chrysor est un bon bateau de près mais c'est sportif comme rythme et nous ne nous sentons pas assez en forme pour enchaîner sur une autre journée comme ça).

Nous restons à Arenzano. Nous mettons nos ris au clair, je couds des fils de couleurs fluos au bout de chaque bout (prononcer le t final sinon cela n'a pas de sens!) pour qu'ils soient facilement et rapidement reconnaissables.

Je prends le temps aussi de comprendre la météo côtière italienne donnée par VHF : le fonctionnement, l'organisation des informations données et les quelques mots techniques m'échappant actuellement (temporale e burrasca sont des mots qu'il vaut mieux comprendre!).

J'en profite aussi pour réviser mes bases en italien. J'avais oublié cette langue suite à un manque de pratique et à mon apprentissage de l'espagnol. Manu apprends peu à peu. Il n'a jamais étudié l'italien mais ça progresse bien, il s'immerge dans les sons et fait du « fragnol » teinté d'italien avec lequel il se fait comprendre.


Jeudi 8 Octobre

 

Nous quittons Arenzano à 8h30, la mer est toujours agitée, les vagues grandissent et s'allongent au fur et à mesure que nous avançons. Le vent se lève petit à petit passant de l'Est au Sud-Est et de force 2 à 4. Nous sommes au près et c'est parti pour une séance de prunier secoué.

Face à nous se dévoile Gênes. Le temps est brumeux et couvert (à laquelle s'ajoute la pollution) mais le soleil perce découvrant l'ampleur de la ville. Gênes s'étend sur 15 milles nautiques soit environ 28 km.

Nous voyons partir du terminal des porte-conteneurs et des cargos largement chargés, ils se dirigent sur nous et nous comprenons que nous sommes dans le chenal d'accès au port pétrolier et commercial. Cela nous permet de les voir de très prés et c'est quand même beau sur l'eau toutes ces petites cases de couleurs, bien rangées les unes à côté des autres.

Pour atteindre notre prochain point de chute, situé à quelques milles après Gênes, nous avons dû tirer des bords toute la journée et manger des sandwichs salade-tomate-sardines qui étaient fameux!

Neuf heures de navigation à 25° de gîte, on fini par bien s'y habituer.

J'ai appris à négocier les vagues ce jour là et découvert avec joie que cela m'amusait grandement de jouer avec elles, glissant dessus. Je crois que cela a aussi soulagé Manu de voir que j'y prenais du plaisir.

En fin d'après-midi, nous apercevons Camogli, facilement reconnaissable à ses grandes et hautes maisons ocre et terre de sienne situées encore une fois au pied d'une falaise (sur laquelle domine un fort médiéval). Les indications que nous détenons sur ce port ne sont pas nombreuses, le tirant d'eau étant assez bas, nous nous méfions de certains passages dans l'entrée et le long des quais.

Rien n'est indiqué, le port semble vide et abandonné, pas un mât ne dépasse. Pour mieux appréhender le lieu nous nous arrêtons au poste de carburant dont les protections sont en caoutchouc dur cognant fortement Chrysor ce qui nous déplaît rapidement. Nous décidons, après deux trois mots énervés lancés, d'aller se placer en face où nous voyons une pendille libre même si ce n'est pas dans la zone indiquée pour les bateaux de passage.

Nous nous amarrons. Pendant que Manu rumine sur les amarres, anneaux et pendilles en très mauvais état, j'observe un vieux pêcheur sur son petit canot, triant ses fils, nettoyant son bateau et nourrissant pour finir deux goélands apparemment habitués à lui et attendant depuis une demi-heure leur pitance. Le soleil pointant ses rayons au couchant nous en profitons pour aller faire un tour dans le village, sans doute le plus beau que nous ayons vu jusqu'à présent. Dominant le port nous tombons sur la terrasse d'un petit bar à vins, où nous goûtons le Pigato : vin blanc de Ligurie, sec et fruité.

Revenus au bateau, nous écoutons France Inter pour prendre la météo marine française, quand arrive un petit canot à moteur avec un pêcheur nous faisant comprendre que nous sommes à sa place. Branle-bas de combat, je jette l'eau des pâtes, la nourriture fini dans un des coffres, Manu range la table et allume le moteur pour décoller de là. Mais le pêcheur part de l'autre côté du port et se pose à une autre place. Je vais donc le voir pour lui demander s'il veut que l'on s'en aille. Nous échangeons quelques mots : il nous laisse la place car il doit encore sortir en mer le lendemain et nous nous devons continuer la route. Je le remercie de ce geste qui nous arrange grandement car il fait nuit noire, les fonds sont mauvais, les autres emplacements ne disposent pas de pendilles, la mer est encore agitée et on a faim!!!



Vendredi 9 Octobre


Après une mauvaise nuit agitée, Manu est sorti du lit, à l'aube, par les ondulations de Chrysor (la mer et le vent créent un ressac important dans la première partie du port, où se trouve la zone accueillant les bateaux de passage). Jetant un œil à la fenêtre, il aperçoit une lumière brillant par éclat et remarque à ce moment là que l'entrée du port est dotée d'un phare. D'autres lumières scintillantes sont visibles sur les montagnes avoisinantes. N'arrivant plus à dormir, il monte sur la jetée pour voir de quoi il s'agit : ce sont de magnifiques orages qui se déplacent vers nous.

Notre emplacement étant peu sécurisant si l'état de la mer et le vent se renforçait (ce qui risque d'être le cas d'ici peu de temps) nous décidons de partir derrière le cap Portofino dans un port offrant une protection totale. En 10 minutes, nous sommes prêts et larguons les amarres. La sortie du port se fait toute seule contrairement à ce que nous aurions cru, compte tenu de la profondeur et de la marche arrière « chrysorienne ». Mais le duo Isa à la barre et Manu à la godille semble être parfaitement adapté à ce genre de situation.

Nous restons au moteur jusqu'au prochain port, voulant être le plus rapidement possible à l'abri, car nous sommes entre deux orages chargés d'éclairs, de pluies et de tonnerre. La houle nous secoue pendant trois heures, nous sommes au milieu d'un ciel rempli de lourds nuages gris et noirs, où quelques rayons de soleil arrivent parfois à transpercer la couche nuageuse et ainsi donner un air moins grave à la situation. Bien qu'il n'y ait rien de grave à ce moment là : il s'agit plus d'une ambiance, d'une atmosphère. Il n'est pas rassurant de se trouver sur l'eau quand des orages éclatent tout près, d'autant plus que ceux-ci peuvent générer des vents violents dans lesquels je n'aimerai pas me trouver.

Nous arrivons à Lavagna avant l'orage (il lui faudra deux heures de plus pour nous rejoindre) et pouvons enfin prendre un petit déjeuner mérité ainsi qu'une bonne douche nécessaire!

Notre décision était la bonne puisque après le premier orage, toute une série a suivi durant la soirée et la nuit et il a plu pendant des heures. Cela nous a permis d'essayer notre taud de pluie (fabriqué avec une tente de l'armée et un toit de vieille tente). Le prototype donne d'excellents résultats, il est totalement étanche, couvre le cockpit et la moitié des roufs arrière et avant, sèche très vite, s'installe assez facilement. Seul hic, nous avons oublié de faire une vraie sortie et il faut un peu jouer les contorsionnistes pour partir du bateau. De plus il rajoute une touche « baba cool-romano » à Chrysor et nous ne passons pas inaperçus dans la marina!

Sinon, dans la série « notre bateau est vieux et demande des soins constants », nous embarquons de l'eau par le puits du moteur situé à l'arrière. Quand la mer est agitée, de grandes quantités d'eau entrent, se stockent de chaque côté du puits et une fois que c'est plein, l'eau ruisselle par les anguillers et vient se stocker sous le plancher du carré. Il faut donc que nous trouvions une solution pour ne pas avoir à écoper le bateau toutes les fois où les vagues dépasseront un mètre (car vu la mer que nous avons jusqu'à présent, ce serait quotidien!).

Publié dans L'italie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
<br /> je me régale de lire jour après jour votre périple. pense à en faire un livre à votre retour.<br /> plein de gros bisous et vivement la suite.<br /> Francky.<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> super ton (votre) journal de bord ! on se régale et on est presque avec vous ! et puis on apprend la géographie des côtes que vous suivez...<br /> ici c'est l'époque du bourru et des châtaignes, les vendanges se terminent (attention à la récolte 2009 c'est fort en alcool !) et la Garonne est belle en filadière !<br /> plein de bises de nous tous<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> A lire la belle prose d'Isa, j'ai l'impression d'être (presque) sur le bateau, le roulis et le tangage en moins. Merci de nous faire voyager avec vous.<br /> Bises de Mauricette et d'Annie et de moi aussi.<br /> <br /> <br />
Répondre